Le saviez-vous? Des résidus de médicaments sont détectés à quasiment tous les niveaux du petit cycle de l’eau. Omijo vous propose de suivre ce dossier en trois épisodes pour en savoir un peu plus.
2/3 : Ces résidus de médicaments sont-ils dangereux ?
Comment peut-on limiter les quantités de résidus de médicaments dans l’eau ?
Il serait souhaitable d’étudier les impacts potentiels des médicaments et de leurs métabolites sur les organismes avant leur mise sur le marché. Ceci n’est fait que récemment, et uniquement pour les médicaments nouveaux. De plus, ce n’est généralement pas fait pour les molécules issues de leur dégradation.
Au-delà de ces éléments qui interpellent les professionnels de santé et ceux de l’industrie pharmaceutique, la question des résidus de médicaments dans l’eau constitue aussi un enjeu technique pour les professionnels de l’eau et de l’assainissement. Ceux-ci doivent, en effet, élaborer des stratégies visant à les piéger à la source (collecte séparée par exemple) et/ou développer des procédés épuratoires susceptibles d’arrêter les molécules potentiellement dangereuses dans les stations d’épuration et dans les usines de production d’eau potable.
Elle constitue enfin un enjeu de citoyenneté. Ne pas consommer inutilement de médicaments, respecter les doses et les moments de prise, ne pas se débarrasser des médicaments inutilisés en les jetant dans sa poubelle ou dans son lavabo, constituent des moyens efficaces de limiter les quantités présentes dans les milieux aquatiques. Ceci est bien sûr vrai aussi bien dans la vie quotidienne que dans la vie professionnelle, en particulier dans le monde agricole et hospitalier.
Du fait de l’importance relative des sources, il est indispensable de conduire en parallèle différents types d’actions, mobilisant l’ensemble des acteurs et s’appuyant sur des outils et développements réglementaires, technologiques, pratiques et culturels :
- Diminuer les rejets d’antibiotiques provenant de l’élevage ;
- Diminuer les consommations de médicaments (effets mécaniques sur les rejets) ;
- Promouvoir la « pharmacie verte » (exemple : rajouter des groupements chimiques à la molécule active permettant de favoriser sa dégradation);
- Respecter les doses et les horaires de prise de nos médicaments de façon à optimiser la métabolisation (et l’efficacité thérapeutique) ;
- Rapporter les médicaments non utilisés dans les pharmacies ;
- Diminuer ou traiter les rejets à la source en développant la collecte séparée (en particulier dans certains services des hôpitaux ou dans les établissements industriels de production de médicaments) ;
- Améliorer l’efficacité des stations d’épuration, en particulier en développant les traitements tertiaires, voire quaternaires.
L’efficacité des stations d’épuration pour éliminer les résidus de médicaments
Une étude de synthèse publiée en 2012 (Verlichi et al., 2012) et portant sur 118 molécules thérapeutiques a montré que l’efficacité des traitements secondaires traditionnels dans les stations d’épuration était très variable et souvent insuffisante pour éliminer de façon satisfaisante les résidus de médicaments. Ces résultats ont été confirmés par les projets de recherche AMPERES et ARMITIQ pilotés par l’IRSTEA avec un financement de l’ANR5 . Ces projets se sont attachés à l’étude des micro-polluants, en particulier les résidus de médicaments, dans les eaux usées urbaines et les boues en période de temps sec. Les principaux résultats sont les suivants : les traitements secondaires traditionnels sont souvent insuffisants pour éliminer la plupart des résidus de médicaments ; en revanche certains traitements tertiaires peuvent être efficaces pour beaucoup des substances étudiées, (rendement épuratoire de 60 à 80%) ; certaines molécules sont cependant difficiles à éliminer (par exemple l’aspirine) et nécessitent un traitement couteux par osmose inverse ou par charbon actif.
L’action principale consiste à ne plus utiliser les molécules les plus dangereuses
Ces actions utilisées de façon conjointe peuvent diminuer de façon importante les concentrations dans les milieux aquatiques. Elles ne peuvent cependant pas éliminer totalement tous les résidus.
Si certaines molécules présentent des risques avérés pour la santé publique ou pour la qualité des milieux récepteurs et qu’il est nécessaire de diminuer les concentrations d’un facteur 10 ou davantage, la seule possibilité consiste à limiter la prescription de cette molécule, par exemple en recherchant un produit de substitution. Ceci montre la nécessité de mieux connaître le devenir et les effets effectifs des résidus de médicaments dans l’eau pour des concentrations correspondant à celles observées (10 à 100 ng/L). Les recommandations du rapport du CGEDD préconisent ainsi de rendre ces études obligatoires non seulement pour toute nouvelle autorisation de mise sur le marché, mais également pour l’ensemble des médicaments existants.
Et vous : que pouvez-vous faire pour limiter la quantité de médicaments dans l’eau ?
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