Dans un contexte marqué par les pénuries d’eau, Nedamco Africa, fournisseur de solutions numériques met en œuvre des programmes pour améliorer l’accès à l’eau potable. L’initiative la plus récente de l’entreprise néerlandaise a été lancée à Addis-Abeba en Éthiopie le 31 mars 2023. Pour Micheal Kögeler, le président-directeur général de Nedamco Africa, le numérique permet une gestion durable et efficace de l’eau.

Inès Magoum (IM) : Nedamco Africa fait partie des entreprises qui veulent aujourd’hui propulser l’Afrique au sommet en termes d’approvisionnement en eau potable. Qu’est-ce qui justifie un tel engagement ?

Micheal Kögeler (MK) : Nedamco Africa, créée en 2022, est une filiale de Nedamco Capital, un fonds de patrimoine familial néerlandais avec un portefeuille de 1,5 milliard d’euros. Il y a 30 ans, mon père est donc parti aux États-Unis d’Amérique où il a commencé à investir dans la technologie et nous continuons dans ce domaine aujourd’hui. Chez Nedamco Africa, nous sommes spécialisés dans la fourniture de solutions innovantes de « Climate Tech as a Service » (CTaaS) qui promeuvent la résilience climatique et le développement durable à travers l’Afrique.

IM : Quelles sont ces solutions ?

MK : Dans le cadre de nos activités, nous créons des opportunités d’emploi locales et régionales durables en mettant en œuvre un programme de compétences numériques de premier plan. Ce programme met l’accent sur l’expertise axée sur le climat, la technologie numérique et l’engagement de l’industrie régionale, en veillant à ce que les compétences acquises conduisent à une mise en œuvre locale par les Africains en Afrique, favorisant ainsi un changement positif et l’autosuffisance. S’agissant des solutions numériques justement, nous en avons plusieurs à l’instar des compétences en nuage, des jumeaux numériques et des solutions respectueuses du climat. La technologie des jumeaux numériques en l’occurrence sera utilisée dans le cadre de « Nedamco Africa SDG6 Water Management Initiative », qui a été lancée en mars 2023 à Addis-Abeba, en Éthiopie.

Le projet s’attaquera à trois problèmes fondamentaux à savoir l’importance des eaux non productives (ENP), la difficulté de localiser les zones à fortes pertes et l’insuffisance des fonds pour la réparation ou le remplacement des canalisations, l’inefficacité de la lecture des compteurs et la disponibilité limitée des données pour la prise de décision en matière de gestion.

Nous utilisons la technologie des jumeaux numériques pour cartographier et mesurer efficacement l’ensemble de l’écosystème aquatique 4D (en ajoutant la dimension du temps à l’imagerie 3D) d’une ville, y compris les zones de captage, les cours d’eau, les réservoirs, les réseaux urbains et les installations de traitement des eaux usées. Notre approche innovante permet également une gestion efficace et durable de l’eau dans les environnements urbains, garantissant que les villes peuvent répondre efficacement à leurs besoins en eau tout en minimisant leur impact sur l’environnement et en réduisant les pertes d’eau non comptabilisées.

IM : Comment la technologie des jumeaux numériques va-t-elle justement soutenir l’approvisionnement en eau à Addis-Abeba ?

MK : En cartographiant et en mesurant de manière exhaustive l’écosystème de l’eau d’Addis-Abeba, y compris le captage en amont, les voies navigables, les réservoirs, le dernier kilomètre et le traitement des eaux usées. Les données provenant des systèmes de gestion des captages sont introduites en temps réel dans les jumeaux numériques de Nedamco Africa, visualisées et exploitées pour améliorer la gestion de l’eau de la ville d’environ 5,5 millions d’habitants.

Nous nous appuierons également sur l’expertise de partenaires tels que Bentley, Microsoft, VIE, Deltares et Planetary Computer, pour exploiter les données historiques et en temps réel, ainsi que des prévisions de débit d’eau basées sur l’intelligence artificiel (IA). L’objectif est de créer une représentation précise de l’écosystème de l’eau à Addis-Abeba, permettant la prévision et la prévention des problèmes liés à l’eau et la création de certificats de restauration de l’eau (WRC) négociables. Au moins 50 autres villes africaines bénéficieront du projet, ce qui permettrait de fournir de l’eau à plus de 500 millions de personnes sur le continent.

Aujourd’hui, 63 % de l’eau est perdue à cause des fuites, des bassins qui débordent, des gens qui abusent de l’eau, etc. Ainsi, 60 % de l’eau qui part des montagnes et arrive en ville disparaît. Elle n’est pas utilisée.

IM : Votre technologie prend-elle en compte les défis actuels liés au changement climatique, notamment la sécheresse ?

MK : Oui, absolument. Le changement climatique a un impact sur les saisons. En Éthiopie, il aurait dû pleuvoir il y a un mois. Il ne pleut toujours pas et c’est la deuxième année consécutive qu’il y a moins de pluie. Alors oui, nous tirons parti de la technologie pour nous assurer que le peu d’eau qui tombe ne se perde pas à cause d’une mauvaise gestion.

À Addis-Abeba, sur les 580 000 m³ provenant des montagnes, moins de 50 % profitent aux habitants. Lorsque la tempête commence, 60 % de l’eau est perdue. Vous pouvez imaginer que si nous parvenons à réduire ces pertes de 60 % à 30 %, l’impact sur la vie des habitants de la ville sera considérable.

Bien sûr, une bonne gestion de l’eau ne compensera jamais totalement les effets du changement climatique. D’autres actions sont nécessaires. Mais pendant que le monde se mobilise pour réduire l’utilisation de l’eau, les émissions de CO2 et toutes les autres choses, ce sont des solutions qui aident grandement l’Afrique.

Outre la détection des fuites, le soutien à la prise de décisions plus éclairées, l’optimisation de la distribution de l’eau et l’identification des domaines d’amélioration des installations hydrauliques, des systèmes d’alerte précoce pour les catastrophes potentielles liées à l’eau, telles que les inondations ou les sécheresses, peuvent être développés à l’aide de la technologie numérique permettant aux autorités de mieux se préparer et de minimiser les impacts du changement climatique sur les communautés et l’environnement.

IM : les technologies de Nedamco Africa sont-elles seulement l’apanage du secteur de l’eau ?

MK : Nous utilisons également les jumeaux numériques pour la biomasse. Grâce à l’imagerie satellitaire et aux dernières technologies en matière de satellites, nous survolons un pays et nous comptons littéralement les arbres depuis le ciel dans une zone de dix mètres sur dix. Nous pouvons en même temps dire de quels types d’arbres il s’agit, quel âge ils ont, quelle est leur taille, et bien d’autres choses encore.

Dans le domaine de la gestion des déchets, nos solutions vont des systèmes de collecte intelligente des déchets aux solutions de valorisation énergétique des déchets. Dans le domaine de la production d’électricité, nous proposons des solutions d’énergie renouvelable, ainsi que des systèmes de stockage et de gestion de l’énergie. Dans le domaine de l’agriculture durable, nous proposons des solutions pour l’agriculture de précision, la gestion des sols et la gestion de l’eau, entre autres.

IM : quels sont les projets de Nedamco Africa pour les prochaines années ?

MK : Nous avons l’intention de nous rendre dans au moins 50 autres villes africaines au cours des prochaines années pour renforcer la sécurité hydrique, une fois que « Nedamco Africa SDG6 Water Management Initiative » aura été couronnée de succès. Nous travaillons avec Fitness Avidance International, une association de compagnies des eaux européennes qui se concentre sur l’Afrique.

Propos recueillis par Inès Magoum

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